Les versions qui existent sur CD sont plus ou moins complètes. Celle
de Marie Dubas fait 6'07, celle de Polaire 7'13 et celle de Jacqueline
Donna 10'22.
R'grdez moi ça cette espèce de bande de fourneaux !
Ça vous bouscule, ça vous d'mandrait seulement pas pardon !
Va donc eh! Faux Ch'man ! Eh purée !
Ce soir pardi c'est l'réveillon,
On n'voit passer qu'des rigoleurs
J'gueulerais "Au feu" ou "Au voleur" !
Personne n'y f'rait attention
Venez, z'yeutez, c'est la Saint-Poivrot
Tout se chahute, tout flambe, tout reluit
Les restaurants et les bistrots
Ils ont la permission d'la nuit
Tout chacun n'pensent qu'à croustiller
Y a plein d'monde dans les rôtisseries
Les épicemards, les charcuteries
Hmmmm... Que ça sent bon l'boudin grillé....
(Bruit de cloche, choeurs qui chantent "Noël,
Noël")
Minuit. A présent Jésus est né...
Dans les temps, quand y s'est amené
S'y gelait comme y gèle c'te nuit
Su'la paille de vot' écurie
Vous avez rien dû avoir friod
Jésus et vous, Vierge Marie
J'suis là, Sainte-Vierge, à mon coin d'rue
Où d'puis l'apéro, j'bas la semelle
J'suis qu'une ordure, une fille perdue
C'est la Charlotte qu'on m'appelle
N'est-ce pas que vous n'êtes pas fâchée
Qu'une fille d'amour pleine de péchés
Vous cause ce soir à sa manière
Pour vous expliquer ses misères ?
Dites-moi que vous êtes pas fâchée !
Allez ! Bing! On m'bouscule avec des litres
Des pains d'quatre livres, des assiettes d'huîtres
Non, mais regardez-moi c't'espèce de chameau !
Oh! pardon, excuse, Vierge Marie
V'là qu'j'ai encore dit un vilain mot...
C'est vrai que j'ai quitté d'chez nous
Mais c'était qu'la dèche et les coups
C'était un vrai enfer Sainte-Vierge
Et soit dit sans être une effrontée
Vous-même y seriez pas restée
Eh ben, c'est pas des boniments
C'est vrai j'vous l'jure,Vierge Marie
Malgré comme ça qu'j'aie fait la vie
J'ai pensé à vous bien souvent
J'revois vot' belle robe bleue, vot' voile
Même qu'il était piqué d'étoiles
Vot' belle couronne d'or sur la tête
Et votre petit trésor sur les bras
Aussi, si vous vouliez, Sainte-Vierge
Faire ce soir quelque chose pour moi
Pour l'temps qu'j'étais pas une impie
Vous n'avez qu'à lever un p'tit doigt
Et n'pas vous occuper du reste
J'vous d'mande pas des choses pas honnêtes
Faites seulement que j'trouve et ramasse
Un porte-monnaie avec galette
Perdu pas un d'ces muffl's qui passent
À moi plutôt qu'au balayeur
Ou alors, si vous voulez pas
Ou poulez pas, Vierge Marie
Vous allez m'trouver ben hardie
Mais faites-moi de suite sauter l'pas
Et pis, emmenez-moi avec vous
Prenez-moi dans le Paradis
Ousqu'y fait chaud, ousqu'y fait doux
Où plus jamais je ferai la vie
Ah! Emmenez-moi, dites, emmenez-moi
Avant que la nuit soye passée
Et que j'soye encore ramassée
Sainte-Vierge, emmenez-moi, j'vous en prie ...
Je n'en peux plus de grelotter
Tenez, allumez mes mains gercées
Et mes p'tits souliers découverts
J'n'ai toujours qu'mon costume d'été
Qu'j'ai fait teindre en noir pour l'hiver
Oui, emmenez-moi, dîtes, emmenez-moi
Et comme y doit y avoir du chemin
Si des fois vous vous sentiez lasse
Vierge Marie, pleine de grâce
De porter à bras not'Seigneur
Un enfant, c'est lourd à la fin
Vous me l'repasserez un moment
Et pis moi, je l'porterai à mon tour
Sans le laisser tomber par terre
Comme je faisais chez mes parents
La p'tite moman dans les faubourgs
Quand j'trimballais mes petits frères...
Vierge Marie, pleine de grâce
Vous qui êtes bénie entre toutes les femmes
Priez pour nous pauvres pêcheurs
Priez pour nous pauvres pêcheurs...
On trouve également des couplets
et des phrases supplémentaires dans
certaines versions:
Ça m'fait gazouiller les boyaux
Brrr! À présent Jésus est né
(...)
Seigneur Jésus, je pense à vous
Ça m'prend comme ça, y a pas d'offense
J'suis morte de froid, j'me tiens plus debout
Ce soir encore, j'ai pas eu d'chance
(...)
Sûr qu'avant d'vous causer première
Une femme qu'est plus bas que l'ruisseau
Devrait conobrer ses prières
Mais y m'en revient que des p'tits morceaux
(...)
Pour sûr que vous étiez jolie
Comme une reine, comme un miroir
Et c'est vrai que j'vous revois ce soir
Avec mes yeux de gosseline
C'est comme si que j'y étais, parole
(...)
Un porte-lazagne, Vierge Marie
N'y aurait-y d'dans qu'un larantqué
Ça m'aiderait pour m'aller planquer
Ça m'permettrait d'attendre à demain
Et d'm'enfoncer dix ronds d'boudin
(...)
La doche à crans, l'dâb toujours saoul
Les frangins déjà affranchis
(...)
Et vous aussi, Vierge Marie
Sainte-Vierge, Mère de Dieu
Qui pourriez croire que j'vous oublie
Ayez pitié du haut des cieux
Vierge Marie... pleine de grâce...
J'suis fauchée à mort, vous savez
Mes poignets, c'est pus qu'une crevasse
Et me v'là ce soir sur l'pavé
Si j'entrais m'chauffer à l'église
On m'foutrait dehors, c'est couru
Ça s'voit trop que j'suis fille soumise
Oh! mand' pardon, j'viens d'dire "foutu"
(...)
C'est vrai que j'ai plaqué l'turbin
Mais l'ouvrière gagne pas son pain
Quoi qu'a fasse, elle est mal payée
A n'fait même pas pour son loyer
À la fin, quoi, ça décourage
On n'a pus de coeur à l'ouvrage
Ni le caractère ouvrier
J'dois dire encore Vierge Marie
Que j'ai aimé sans permission
Mon p'tit, mon béguin, un voyou
Qu'est en c'moment en Algérie
Rapport à ses condamnations
Mais quand on a trinqué tout gosse
On a toujours besoin d'caresses
On se meurt d'amour toute sa vie
On s'arrêtait pas, que voulez-vous
Pourtant j'y suis encore fidèle
Malgré les autres qui m'courent après
Y a l'grand Jules qui veut pas m'laisser
Faudrait qu'avec lui j'me marie
Histoire comme on dit, d'l'engraisser
Ben, jusqu'à présent, y a rien d'fait
J'ai pas voulu, Vierge Marie
Enfin, je suis dégringolée
Souvent on m'a mise à l'hosto
Et j'm'ai tant battue et soûlée
Que j'en suis pleine de coups d'couteaux
Bref, je suis pus qu'une saloperie
Un vrai fumier Vierge Marie
Seulement, quoi qu'on fasse ou qu'on dise
Quand on veut s'acheter une conduite
Y a que'qu'chose qu'est plus fort que vous
Et ce soir encore ça m'rappelle
Un temps, qui jamais ne reviendra
Ousque j'allais à vot' chapelle
Les mois que c'était votre fête
Seulement, c'est pus comme à l'école
Ces pauvres callots, ce soir, madame
Y sont rougis et pleins de larmes
Sauf mon p'tit, dont j'suis pas guérie
Vous pensez qu'je ne regretterai rien
D'Saint-Lago, d'la Tour, des médecins
Des barbots et des argousins
Cette
chanson existe sur les CD suivants :
La merveilleuse nuit de Noël, 1930-1946. Par Marie Dubas